11.26.2015


DAVID WERNER - "WHIZZ KID" (1974)


Faut pas pleurer.

« It’s a little bit sad », pourtant…

« Whizz Kid » de David Werner.

Tout le monde s’en fout.

Personne fait son boulot.

Whatever happened to the teenage dream…

C’est sorti chez RCA en 74 pourtant… Pas chez FLARENASCH en 85. Qu’est-ce qu’ils foutent les mecs ?

Merde.

Ils sont où les masters ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Remasterisez moi tout ça… Fissa. Allez au boulot. Foutez un sticker « l’ancêtre de Jeff Buckley », un « Pudlo », un « Rires et Chansons », un truc pour le Tibet dessus je m’en fous… Faites un « Classic Album » avec. Ressortez le producteur (Bruce Sommerfeld, inconnu au bataillon). Sandwich BLT sur la Neve. On isole la rythmique et c’est parti pour 2 heures. M’en branle. Faites-le.

J’en achète 100 000. Et après je les donne.

L’amnésie ? C’est de bonne guerre. Tout le monde ne peut pas GAGNER.

Y’en a eu d’autres avant lui, des soldats inconnus du glam. Certains ont trouvé leurs « justes » : comme Jobriath ou Brett Smiley (Alain Kan ?), finalement réédités et sauvés du Léthé.

Pas Werner.

En ces temps où tout est disponible en downloadage, en streamage, en sharage, en fuckage… Pas un « Whizz Kid » à l’horizon. Nibze. Keudze. Oidze. Epsilon.

Le mec en a fait un deuxième aussi, le peut-être meilleur « Imagination Quota« (1975). Et un troisième, éponyme (comme disent les chroniqueurs). Un peu trop éponyme d‘ailleurs. Mais new-wave...

La probabilité qu’un troisième album soit EPONYME dans l’histoire, est très mince (« ABBA » (75)). Bon…

Vous l’aurez compris il ne sera rien dit ici d’IMPROBABLE, ni de DECALE… La moitié des lecteurs peuvent d’ores et déjà passer aux publi-reportages.

« Parler de Werner aujourd‘hui, c’est parler d’une industrie en voie de désaffectation. D’un patrimoine en ruine. D’un passé qui s’efface, jour après jour. Qui sélectionne. Qui révise. Et, pire, qui IGNORE. » (discours, mars 2009)

La JOLIESSE n’est plus vraiment à l’ordre du jour.

L’art de la double détente, n‘en parlons pas.

Frontal. Facial. L‘ordre du jour.

Ce qui n’empêche : Au nom de quoi, alors que certains ont encore le droit de se procurer des Kiss, des Sweet, des Blue Oyster Cult, des Marilion, des Nazareth, d’autres souffriraient de ne même pas pouvoir écouter l‘un des 10 meilleurs albums de 1974 (excellente année en général, mais mauvaise pour le rock) ?

Darwin et Adam Smith. (ad lib).

Soyons descriptifs. Comparaison n’est pas con. Un Paul Simon en platform-boots. Un Alex Chilton à boa. Un Colin Blunstone lipstické. Un Ian Hunter qui aurait MOINS écouté Dylan (qui ?). Un nasal sans coffre.

Encore ?

Un chétif besogneux. Un malingre malin. Un ange adolescent.

On parle du même. 17 ans à l’époque, semble t-il. Tout pour lui. On le devine sur la « back cover«. Belle gueule. Traits fins. Phalanges graciles. Regard félin.

Et le talent.

Fixette bowienne, certes. Les touristes le relèveront tout de suite. Mais les élus observeront ici et là des INITIATIVES VICIEUSES qui mènent l’ensemble à des milliers de péta mètres du simple faux et usage de faux. Le COEUR en plus. Une certaine idée du pathos en moins.

Comme toute religion, le Glam a ses saints (Bowie donc, Roxy Music, T.Rex), ses pauvres d‘esprit (Sweet, Mud), ses fraîchement convertis (Mott The Hoople, Elton John, Lou Reed), ses rédemptés (Jobriath, encore et toujours) et ses maudits…
Streak ? Fancy (les originaux) ? Hollywood Brats ? Barry Blue ?

Et, et, et…

Quelques questions à propos de Mr Werner :
Qu’est-il devenu ?
Qu’est-ce que le talent ?
Que font les japonais ?

Quelques réponses :

- Ne jamais chercher à savoir ce que sont devenus ses héros.
- Le talent se dénonce par cela même qu’il dissimule ses imperfections (Shakespeare)
- Ils adorent Claudine Longet.

Qu’est-ce que la postérité ?
- NSP

Les seuls moments où j’ai envie de DIRIGER LE MONDE sont ceux-là : quand j’entends sauter le repiquage d’un vinyl en MP3… Et de celui-là en particulier.

L’album commence pourtant mollement.

« One more Wild Guitar » et « Whizz Kid » glamottent. Sans forcer (le tracklisting est d’ailleurs quasiment le seul point faible du disque.).

Mais après… Après… Lift-off.

« The Lady in waiting » : ok, on comprend, on se calme, on s‘assoit, on se défenestre une première fois… Doug Yule et Jimmy Page surpris dans une situation compromettante.

« Ballad of Trixie Silver » : country lennono-harrisonienne en putain d’apesanteur. On allume le gaz (qui a encore augmenté en juillet, à quand la privatisation ?).

« It’s a little bit sad » : En effet. Nursery-rhyme létale. Arsenic et vieilles cordes. Escabeau. « Can’t afford to abuse you ».

« Love is tragic » : Salon de la basse 74 (Gary Link, ici zélé délégué à cet instrument, se nourrissait apparemment très bien à cette époque). « I’m so abused, i’m so amused (…) I’m so misunderstood, i’m so good (…) Needless to say life is so tragical this way ». On va porter plainte contre ses proches.

« Plan 9 » : From outer space effectivement. Cadence céleste. 1’09 minute… Combustion spontanée. Pourra pas mieux faire. On appelle des gens qu’on ne pense plus revoir.

Personne n’a parlé de « génie » ici… Ou de « groundbreaking ».

Mais de TALENT. C’est pas mal déjà. D'arriver à cette mathématique. A ce diaphane. On verra ce que vous ramenez.

Il n’y a pas trop de regrets à avoir, finalement. Manque un tube. Peut-être. Sans doute (la chanson-titre a été choisie en son temps comem single, alors que "Love is tragic" semblait plus légitime dans ce rôle). Je ne sais pas moi, je cherche...

Le triade finale est pourtant parfaite « Counting the ways« , « The Death of me yet », « A sleepless night »… Bonne nuit les dudes.

Prochaine conférence-débat-dîner : « Le talent, le courage, les nerfs, la génétique dans la musique populaire de la deuxième partie du XXème siècle ».

Etrange sensation de suivre le parcours de ce mec qui n’a peut-être pas réussi autant qu‘on le VOUDRAIT pour lui. Comme un parent.

Parce que celui qui est capable d’écrire un truc comme « Plan 9 » aurait du mal à se réinsérer. C’est certain.

Parce qu’il aurait autre chose à foutre.

Parce qu‘« It’s a little bit sad ».

Parce que le David Werner de 74 n‘est plus.

Et qu’il n’a peut-être jamais existé.

Ailleurs que sur ce « Whizz Kid ».

Un chef-d’œuvre oublié, donc.

Faut pas pleurer.

ALISTER